Texte rédigé durant le projet IMAG'IN

Il y va de deux rois. Deux rois qui ne sont ni toi ni moi. Deux rois du monde. Deux mois, tu comptes. Deux moi, tu comptes. Effrontées, deux mains affrontent. Demain la fronde. Deux rois s’effondrent. De moi la honte.

Honte de ne pas avoir été assez fort. Honte qu’il existe un château fort. Honte d’avoir eu tort, de laisser le monde nous vouloir morts.
Comme si deux rois dehors, présagent le mauvais sort.
Comme si deux rois dehors voulaient causer du tort.
Comme si deux rois, main dans la main, n’étaient pas rois mais plutôt proies.

Cette nuit-là pour quelqu’un je tue.
Je sens la menace, dans ce parc où tu m’enlaces. Un frisson quand ta main passe. Je m’efface à ton enthousiasme ; c’est l’ombre qui nous chasse. Le pas se presse. Elle aussi m’enlace. Les lueurs se meurent. La peur m’effleure. La lune se leurre sur son reflet. Au bord du lac.
Je, tu m’embrasses.

« Il y a un bruit dans le buisson non ?
_Un lapin ?
_J’en sais rien. Peut-être.
_Rien de grave.
_Mais si ça bouge là, non ?
_… C’est quoi ça ?
_Il y a quelqu’un.
_Quoi ?
_Regarde, quelqu’un qui court !
_On s’en va. »

La porte de la voiture claque. L’ombre voyeuse a regagné la sienne. Il fait froid. Tes mains sont chaudes. Un temps suspendu. Ce simple baiser reprend.
Un moteur gronde. Des phares éclatent violemment. On frappe au carreau.

« Sortez du véhicule.
_C’est pour ?
_Sortez du véhicule, Police. Vas-y fouille-le.
_Il y a une raison particulière ?
_Non c’est juste comme ça.
_Juste comme ça ? »
C’est long.

Il fait froid.
Ton regard inquiet me fend le cœur. Fuir l’Italie. Retrouver ça ici.

« C’est bon.
_…
_Bonne soirée.
_… Vous aussi hein ? »

Ça claque. Ça aveugle. Ça gronde. On gronde.

Bordel c’est quoi leur jeu ? On n’a visiblement pas lu les mêmes règles. Où est ce que c’est écrit que la seule lumière dans l’ombre est elle-même un danger ? On sent la menace. On est la menace ? Leur menace. Ils nous menacent.
C’est qu’ils avaient l’air déçus en plus ! Ces gros bras qu’on a sûrement appelés. Ces gros bras qui n’ont rien trouvé.
On ressasse, mise sur le plus grand danger. L’homme dans le buisson ? Les hommes en uniformes ? Les Hommes ? Les hommes.

Pour eux, il n’y a qu’un roi. Un roi c’est bien : c’est fort, c’est beau, ça n’a peur de rien. Ils se figurent bien l’image de leur roi. Ils s’opposent à ce qui pourrait être autre. Ironiquement, par peur. Et donc j’ai peur.
C’est con.

J’aurai aimé en voir d’autres. D’autres rois. Grandir en sachant qu’il y en avait d’autres. Comme toi, comme moi. D’autres qui ont sûrement peur. Rendez-leur leur couronne, celle qui brille, qui scintille et qui fait fuir l’ombre.

« Regarde, ils paniquent. Ta couronne leur fait mal aux yeux.
Non, lève la tête et observe derrière eux. Tu vois ? Celles et ceux qui s’émerveillent. Iels font de même à présent. Attends donc que le mot se passe !
Et les autres ? Au mieux, ils comprendront – et changeront ces cons – au moins mieux ils s’habitueront. Ce sont leurs peurs, leur honte que cache leur ombre.
Mais regarde, je brille, tout autant que celleux autour de moi. Tu brilles aussi mon roi ! »

Si les manuels ne te mentionnent pas, j’en écrirai de nouveaux – naturellement plus beaux. Car aujourd’hui c’est bien de mon roi que je parle. Deux rois. Toi, et moi. Et bien plus que ça.


PS : les reines ont toujours eu plus de classe de toute façon.