Texte rédigé durant le projet IMAG'IN

à Bordeaux, 01/03/2022

 

Maman,

Je t’écris aujourd’hui pour te confier mon vécu, mon évolution, et que tu saches que je n’ai jamais autant été en sécurité qu’aujourd’hui.
Depuis petite, j’entends à la radio des blagues sur les “homos” ; je subis le regard des hommes ; je reçois tous les jours des messages du monde extérieur, qui me dit que les femmes et les personnes LGBT+ sont moins que des “vrais” hommes, sont plus fragiles, sont des victimes systématiques et potentielles d’agressions verbales, physiques, sexuelles, sont destiné·e·s à encaisser des élans de haine toute leur vie…
Le message est clair : il vaut mieux se cacher.

Ces représentations et messages venant de toutes parts, je ne m’autorisais même pas à me questionner sur qui je suis, ce qui m’inspire et m’appelle, ceux·elles qui pourraient m’attirer et me plaire. Même mon corps ne m’appartenait pas.
Durant tant d’années, je n’ai vécu que par soumission aux regards et aux jugements de ceux·elles que je souhaite surnommer “ignorant·e·s” à présent.

Heureusement, grâce à de belles rencontres, mon regard sur la vie et sur moi à changé. J’ai compris beaucoup de choses grâce aux lesbiennes dont j’ai croisé le chemin, et qui m’ont aidée et encouragée à me questionner, et à ouvrir le champ des possibles.
J’ai pris confiance en moi grâce à la bienveillance de rencontres faites lors d’événements safe. J’ai compris le sens de la marche des fiertés, que je fuyais depuis des années, la profondeur du mot fierté, en découvrant la beauté et la diversité d’identités qui existent… J’ai découvert un “nous”, grâce auquel je n’étais plus seule. J’ai découvert le monde Queer, l’inclusion. J’ai découvert que les femmes et les personnes LGBT+ n’étaient pas ce moins, ce plus fragile à quoi les générations antérieures et la société me réduisaient.

En fait, Maman,
nous sommes tou·te·s
libres d’exister,
libres d’aimer,
libres de partager.

Nous sommes là et vivant·e·s !

J’ai été longtemps en colère qu’on m’ait pris des années de vie.
Mais aujourd’hui, je te pardonne, les autres aussi, mais surtout moi…


B.